Samir Grimes

El Watan publication – edition economie: interview avec Samir Grimes (Hub National OuestMED Algérie)/pêche et l’aquaculture

Source: ElWatan.com
Article complet: Samir Grimes. Expert en environnement et développement durable : «Revoir les mécanismes de soutien au développement de la pêche et de l’aquaculture»

 

Pourquoi le secteur de la pêche tarde à se développer et à contribuer à la croissance économique dans un pays qui compte 1600 km de côté et où le poisson reste inaccessible pour les consommateurs ?

La production halieutique nationale se situait entre 2001 et 2009 entre 130 000 et 145 000 avec une année exceptionnelle en 2006 où l’on a frôlé les 160 000 tonnes. Cette production s’est stabilisée de 2001 à 2019 autour de 100 000 tonnes avec un ratio moyen de consommation des produits de la pêche oscillant entre 4,5 et 5 kg/habitant/an, encore loin des standards de l’OMS. Durant cette même période, le nombre de navires de pêche a plus que doublé passant de 2500 unités à près de 5800 unités, dont 62% fonctionnelles.

Cela nous interpelle sur le fait que les efforts fournis par les pouvoirs publics pour améliorer les conditions des pêcheurs et augmenter les capacités de pêche n’ont pas été suivis par une amélioration de la production et de la consommation. Un faisceau de raisons expliquant cela, d’abord il existerait des quantités qui pourraient être appréciables, notamment de la pêche «dite» de plaisance et des débarquements qui sont faits par les petits métiers sur des plages d’échouages non comptabilisées.

Ensuite, la population algérienne a augmenté et la demande nationale en produits de la mer a «explosé» dans certaines wilayas, notamment de l’intérieur. La région de Bordj Bou Arréridj-Sétif, par exemple, est devenue en l’espace de quelques années un hub pour la commercialisation des produits de la pêche. Par ailleurs, la pollution, y compris par les macro déchets, même localisée, contribue directement à la réduction des prises, ce problème ne doit pas être occulté. Tout comme, on ne doit pas occulter la surexploitation de certains stocks et certaines zones de pêche, cela est lié principalement à la concentration de l’effort de pêche au niveau des régions côtières. L’utilisation de techniques et d’engins de pêche non conventionnels ont également contribué à affaiblir les stocks exploitables.

La situation de la pêcherie algérienne est également liée la gouvernance maritime. Il faut savoir que le secteur de la pêche ne gère pas les ports de pêche, ce qui constitue, de mon point de vue, un problème fonctionnel, de même que la concentration des investissements jusqu’ici, sur le cœur de l’activité, soit la production/exploitation sans avoir une véritable approche de «chaînes de valeurs» a fait que les autres forces motrices de l’activité ont été négligées en termes d’investissements. Je pense en particulier à la réparation et à la construction navale, aux intrants, comme les engins de pêche, mais également aux circuits de commercialisation et aux questions liées au contrôle qualité et assurance qualité.

Enfin, le système de subvention tel qu’il a été mis en œuvre a montré son caractère «toxique» pour le développement de l’activité. Il est donc essentiel de revoir les mécanismes de soutien au développement de la pêche et de l’aquaculture en Algérie qui doivent être adaptés en considérant l’innovation et la durabilité comme éléments moteurs. On devrait s’attendre à une amélioration de la gouvernance de la pêche si le Plan d’aménagement et de gestion de la pêche algérienne est mis en œuvre de manière intégrale et intégrée.

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